Le littoral :
Le littoral constitue un territoire particulièrement attractif concentrant sur un périmètre relativement étroit de multiples enjeux et thématiques :
- les risques côtiers : érosion, accrétion, submersion marine, et les impacts du changement climatique ;
- les enjeux écologiques, la biodiversité littorale, le continuum terre-mer, l’état de santé du récif ;
- l’anthropisation du littoral, avec une densité de population élevée et la présence de nombreux aménagements, du fait de sa forte attractivité ;
- la gestion foncière, avec des enjeux de domanialité (domaine public maritime, zone des 50 pas géométriques).
Ces éléments font du littoral un enjeu majeur de politique publique, comme en témoignent les multiples réflexions portées au niveau national pour adapter les outils législatifs, réglementaires et budgétaires dont il fait l’objet.
Le trait de côte, limite entre la terre et la mer où ces enjeux se croisent, n’est pas fixe et évolue (engraissement ou érosion) sous l’effet de phénomènes naturels (houles, cyclones, vents, vagues, courants...) qui façonnent le littoral.
L’érosion côtière se traduit par une perte graduelle de matériaux (roche, sable etc.) entraînant le recul du trait de côte ainsi que l'abaissement des plages ou le recul des falaises. Ce phénomène naturel progressif peut être aggravé par l'activité humaine (bétonisation du littoral, aménagements bloquant pour la dynamique sédimentaire...) et par le changement climatique (hausse du niveau de la mer, atténuation du rôle de barrière des récifs coralliens).
A La Réunion, 50% des 250 km de côte du littoral est identifié en érosion modérée ou prononcée (BRGM, 2004). A l'échelle nationale, il est considéré qu'environ 1/4 du littoral est en recul (avec des taux de recul pouvant être supérieur à 1m/an).
L’observatoire du littoral de La Réunion
S’inscrivant dans une approche interdisciplinaire, intégrant sciences humaines, sociales et sciences dures, Nout Bord’mer, en traitant prioritairement la question des risques côtiers via l’approche de la vulnérabilité globale, appréhende toutes les composantes nécessaires à une vision systémique. Ainsi, les aléas côtiers, qui comprennent les phénomènes de recul du trait de côte et de submersion marine, les enjeux, les représentations du Littoral et la gestion sont traités.
L’enjeu écologique, et plus particulièrement celui relatif au milieu récifal (dont les apports conditionnent l’équilibre sédimentaire de la côte), fait partie intégrante de la réflexion ainsi que les données relatives au changement climatique et à ses impacts sur les dynamiques en présence.
L’observatoire du Littoral a vocation à être une plate-forme collaborative intégrant la société civile au travers de sciences participatives. Cette interface doit permettre à chaque citoyen de pouvoir se doter de la problématique « Mer et Littoral » et de participer, à terme, activement à la collecte des données, contribuant ainsi à la gestion collective des écosystèmes marins et côtiers locaux. Elle permettra aussi d’être un outil d’aide à la décision et de partage entre les institutions existantes (mise en commun des informations, identification des besoins, ajustements et redéfinition des besoins).
Des initiatives existantes et futures
Plusieurs actions, initiatives et études s’inscrivant dans les objectifs de l’Observatoire du Littoral de La Réunion sont pérennisés ou mises en place par ce dernier notamment :
- les programmes OSBCOT et SNO-Dynalit réalisés respectivement par le BRGM et l’Université permettent de réaliser un suivi du trait de côte et de ses dynamiques depuis plusieurs années. Un suivi spécifique est également réalisé suite à des évènements potentiellement morphogènes (houle australe ou cyclonique). Ces données ont vocation à être plus largement diffusées et partagées, notamment avec les collectivités concernées.
- la mise en service d’un houlographe sur la façade Ouest-Sud-Ouest pendant la période des houles australes et sur la façade Nord (au large de Sainte-Marie) pendant la saison cyclonique. Les nouvelles données ainsi acquises permettent notamment de mieux caractériser et appréhender les seuils morphogènes le long du littoral des différents évènements ainsi que la dynamique sédimentaire observée grâce aux campagnes topographiques ;
- La réalisation d’études permettant d’améliorer les connaissances et contribuant à la définition par les autorités compétentes à une gestion intégrée du littoral (évaluation de la pertinence de mettre en place des opérations de transferts sédimentaires le long du littoral, guide des bonnes pratiques pour la gestion des ouvrages implantés à La Réunion...) ;
- la mise en place d’un site internet dédié permettant une large diffusion des données et de la connaissance.
Ces actions s’inscrivent dans les orientations définies par la stratégie nationale de gestion intégrée du trait de côte (SNGITC) adoptée en 2012 qui a vocation à renforcer la résilience des espaces littoraux en maîtrisant à long terme l’occupation du rivage dans les territoires exposés et en s’appuyant sur le rôle des milieux naturels côtiers, véritables atouts pour atténuer l’effet des phénomènes naturels (submersion marine, érosion, inondation, etc.).
Trois axes d’intervention pour l’observatoire du littoral de La Réunion
Les objectifs portés par l’observatoire du Littoral et les différents partenaires qui le composent s’articulent autour de 3 axes qui peuvent être ainsi résumés : « Connaître et faire connaître pour bien décider ».
1. Acquérir des données d’observation
L’objet premier de l’observatoire du littoral est d’acquérir de la donnée d’observation, pour mieux suivre, qualifier et comprendre les phénomènes en jeu. Cette donnée est acquise par le biais d’actions initiées et pilotées par les partenaires respectifs. Les données ainsi rassemblées portent sur l’évolution du trait de côte (érosion/accrétion), les phénomènes de submersion, le suivi du récif (en tant que contributeur dans l’équilibre sédimentaire littoral), les impacts du changement climatique sur le littoral.
Cet axe de permet de :
- pérenniser le réseau d’observation existant ;
- standardiser le format de donnée d’observation ;
- étendre les sources d’observations (en augmentant le nombre de sites suivis, les contributeurs à l’observation) ;
- rassembler la connaissance produite sur ces sujets (rôle de veille) quelles que soient les sources (locales ou non), et les disciplines mobilisées (exemple de l’apport de la socio-économie).
2. Valoriser les données, les rendre accessibles et lisibles
Au-delà de la collecte de données d’observation, l’observatoire a pour mission de les bancariser et les administrer, de les rendre accessibles sur différents support. Cela implique d'organiser leur accès et leur diffusion mais également de les vulgariser pour donner à voir et à comprendre les phénomènes observés, notamment grâce à une visualisation cartographique.
Les actions suivantes s’inscrivent dans cet objectif :
- mettre en ligne des données de l’observatoire ;
- proposer des séquences de formation sur les sujets de l’observatoire : diplôme universitaire, formation des élus, actions menées en partenariat avec par exemple le CNFPT pour le public des collectivités territoriales,
- organiser des campagnes de préventions et de sensibilisation auprès du grand public (par exemples lors journée de la Mer, Semaine de l’Environnement…),
- diffuser des supports de sensibilisation, synthétiques et vulgarisés au besoin.
3. Proposer une aide à la décision et à la gestion
Le suivi du littoral et la compréhension des phénomènes observés ont vocation à participer à l’aide à la décision des différents acteurs, porteurs de projet et partenaires.
L’observatoire alimente la réflexion sur la stratégie portée sur le littoral, notamment en matière d’occupation spatiale, de réalisation d’aménagement, pour s’assurer d’une meilleure adaptation et résilience face à l’érosion côtière et aux aléas littoraux notamment dans un contexte de changement climatique. Cette réflexion est mobilisée tout autant au niveau national (SNGITC, loi climat et résilience), qu’au niveau local (initiatives en faveur d’une stratégie locale de gestion intégrée du trait de cote).
Pour cela, l’action de l’observatoire doit se porter au sein des instances de gouvernance existantes : CDSCRNM, Comité eau et biodiversité, réseau des référents risques, comité technique risque, instances techniques internes aux organisations.
Etant donné la dimension interdisciplinaire des enjeux du littoral, le pilotage de l’observatoire du littoral est assuré par un ensemble de partenaires :
- la DEAL, avec le service en charge de la prévention des risques naturels, et l’unité réglementation des risques naturels et observatoire du littoral ;
- La Région Réunion, partenaire privilégié, co-financeur du projet OBSCOT, elle est également pilote des projets portés par l'observatoire.
- le BRGM, partenaire historique à La Réunion en matière de caractérisation des aléas littoraux et en charge du programme OBSCOT ;
- L’Université de La Réunion, CNRS, l'IRD et Météo-France au travers de l’OSU-R , en charge des projets SNO-Dynalit et du diplôme universitaire « trait de côte »,
- l’Université de Bretagne Occidentale, pour sa connaissance des sujets de l’observatoire réunionnais et son expérience sur la mise en place d’un observatoire des risques côtiers intégré et collaboratif en Bretagne.
Le comité de pilotage se réunit une à deux fois par an, pour définir la feuille de route de l’observatoire et évaluer les besoins associés aini ques les financements à mobiliser.
Notre objectif : développer des partenariats et fédérer l’ensemble des acteurs du littoral de la Réunion qu’ils soient des collectivités, des associations, des organismes ou des citoyens.